Je suis tombé par hasard sur ce site en faisant des recherches Google. Cela fait plaisir de constater qu’il y a aussi des sites francophones qui traitent des problèmes liés à la finastéride, car d’ordinaire on trouve ce genre d’informations sur les sites américains. J’aimerais vous livrer mon témoignage sur ce médicament particulier que j’ai côtoyé durant de très nombreuses années avec passablement de succès certes, mais aussi avec passablement de conséquences insidieuses. Je précise que je suis une personne très sportive à la base, optimiste et que je résiste bien au stress… C’est important pour la suite…
J’ai commencé à prendre du Propecia autour de l’âge de 30 ans. A cette époque, je commençais à me dégarnir sur les temps et à l’arrière du crâne. Rien de très méchant, mais on voyait bien que mes cheveux se clairsemaient. Je m’attendais à quelques effets secondaires, vu ce que j’avais pu lire sur le sujet, mais rien du tout, même pas de baisse de libido. Au début je n’ai pas remarqué d’effet significatif sur mes cheveux. J’ai surtout eu le sentiment que j’avais réussi à stabiliser ma perte de cheveux. Ce n’est que plusieurs mois plus tard (pour ne pas dire années), en revoyant des photos de moi que j’ai remarqué que mes cheveux avaient nettement repoussé. Le résultat était vraiment bluffant.
Bref j’étais vraiment ravi du résultat, d’autant qu’il n’y avait aucun effet secondaire. Quelques années ont passé. Quand on prend un traitement depuis aussi longtemps, il fait partie de notre vie et on oublie presque même qu’on le prend.
J’ai commencé à un moment donné à avoir du rhume des foins. Il paraît que ça peut apparaître sur le tard. Donc je ne me suis pas vraiment posé de questions. Quelques temps plus tard, j’ai aussi eu de plus en plus régulièrement des maux de tête. Je faisais déjà des épisodes de ce type durant mon adolescence donc je ne me suis pas trop inquiété non plus. Je me suis ainsi mis à consommer régulièrement de l’ibuprofène. Cela devenait presque même quotidien par certains moments. J’essayais tout de même ne pas trop abuser, pour ne pas déclencher des céphalées médicamenteuses, mais à un moment donné je pense quand même que j’étais devenu dépendant de ces anti-douleurs. Mais rien de trop inquiétant jusque là.
Cinq à six ans après avoir commencé à prendre du Propecia, j’ai eu des démangeaisons sur tout le corps. J’ai consulté mon médecin, qui était au courant que je prenais du Propecia. Après analyses de sang il m’a diagnostiqué un syndrome de Gilbert. Apparemment c’est une particularité génétique qui fait qu’on produit trop de bilirubine. Cela produit des démangeaisons, des maux de tête (voilà qui expliquait mes petits soucis précédents), de la fatigue et aussi des soucis gastro-intestinaux. Comme on ne peut pas traiter ce syndrome j’ai commencé à me documenter sur le sujet et à voir comment on pouvait vivre avec tout en maintenant les symptômes le plus sous contrôle possible. La thérapie consiste essentiellement à manger et vivre sainement. Rien de trop compliqué et surtout toujours rien d’inquiétant. Sans parler qu’en mettant le nom sur ce syndrome d’origine génétique je pensais avoir trouvé la cause de mes petits problèmes.
Plusieurs mois ont encore passé, sans trop de problèmes. Puis j’ai eu une grosse crise de fatigue et des problèmes digestifs pendant plusieurs mois. De plus, je me sentais passablement agité, presque anxieux par moments, alors que je suis une personne relativement zen en temps normal. J’ai mis ça sur le compte de mon syndrome de Gilbert et pensé que l’anxiété était simplement due au fait que cet épisode commençait à durer longtemps. Comme je ne voyais pas d’amélioration, j’ai consulté à nouveau mon généraliste. Nouvelle prise de sang, bilirubine toujours un peu haute. Echographie du foie… en parfaite santé. Bref, à part la bilirubine, tout était en ordre. Donc c’était toujours ce foutu syndrome apparemment. Et c’est passé comme c’est revenu.
De nouveau tranquille pendant plusieurs mois. Là j’arrive à peu près à 10 ans d’utilisation du Propecia, que je crois toujours sans aucun danger. Je commence à remarquer que mes tempes se dégarnissent à nouveau un peu. Je me dis que le médicament m’a bien aidé durant tout ce temps, mais que maintenant que j’arrive à 40 ans, il a besoin d’un petit coup de pouce. Je me mets alors sous minoxidil. J’attends 3 mois pour voir l’effet, mais je n’ai pas le temps d’arriver jusque là.
Peu après 2 mois d’utilisation, je commence à avoir l’esprit complètement embrouillé, l’impression d’avoir la tête dans un espace de gros brouillard, je ressens une fatigue monstrueuse, des vertiges et des maux de tête qui deviennent de plus en plus forts. Je passe quelques jours dans cet état, ayant de plus en plus de peine pour aller travailler. Un matin, impossible de me lever, un mal de tête insupportable. Tout mouvement, tout bruit, toute lumière est une douleur insupportable. 3 jours au lit, consultation du médecin, prescription massive d’Ibuprofen… sans effet. Retour chez le médecin, prescription d’un anti-migraineux par intra-veineuse. 20 minutes après en pleine forme ou presque ! Jamais fait de migraine de ma vie jusqu’ici… curieux.
On me fait passer un scanner. Rien du tout. Je parle à mon médecin du minoxidil, mais il est sceptique qu’un traitement topique puisse avoir de telles conséquences. Bref j’arrête quand même le Rogaine. Les vertiges ont duré encore deux semaines et après tout est rentré dans l’ordre. Cette fois le coupable était facile à trouver et j’ai pensé être tiré d’affaires, avec quelques frayeurs quand même.
Mais 6 mois plus tard, rebelote. Les vertiges et la fatigue réapparaissent. L’anxiété aussi. J’ai l’impression de vivre dans un brouillard permanent. Tout mon cerveau tourne au ralenti. Comme mon médecin n’avait jamais rien trouvé auparavant, mis-à-part le syndrome de Gilbert, je me tourne vers la médecine alternative, ostéopathie, homéopathie et même des trucs plus ésotériques, avec plus ou moins de succès. Je suis de plus en plus angoissé. Je sens que quelque chose ne tourne plus rond en moi. Sportif et sûr de moi de nature, je ne fais plus d’activité physique, je dors énormément, j’ai la boule à l’estomac en permanence. La crise dure 2 mois environ. Puis elle passe comme elle est venue. Je n’y comprends rien, mais je suis content que ce soit derrière. Cette fois ce n’est clairement pas le problème du minoxidil… c’est donc peut-être encore et toujours ce fichu syndrome de Gilbert.
Je suis tranquille de nouveau quelques mois, puis ça recommence de nouveau. Depuis lors j’enchaîne des périodes de crises et périodes de repos, le tout durant 3 ans de calvaire au total ! J’ai des nouveaux symptômes : muscles qui se contractent involontairement, aphtes à répétition, douleurs aux testicules (je fais même une échographie, qui ne donne rien évidemment)… Je constate durant ce temps que le millepertuis (anti-dépresseur naturel) m’aide à retarder l’apparition des crises et à diminuer leur importance. Je suis tombé dessus un peu par hasard en cherchant quelque chose pour m’aider à soulager l’anxiété qui accompagne chacune de mes crises. Je mange de plus en plus sainement, je fais de plus en plus d’endurance, je marche énormément en plein air. Je remonte un peu la pente, mais j’ai toujours ces crises qui continuent à ‘s’enchaîner, même si j’apprends un peu à vivre avec.
A un moment donné, je commence à me dire que j’ai un problème psychologique. J’ai de la peine à le concevoir, tant à la base je me considère comme solide de ce point de vue. Je pense au burnout, même un peu à une dépression. Je consulte une spécialiste, tout en continuant à prendre du millepertuis. Là encore ça me fait du bien et j’ai l’impression de progresser un peu. Mais les crises continuent. Je les gère plus ou moins bien, mais ça continue à me pourrir la vie.
Jamais à un seul instant je n’ai pu penser durant près de 15 ans que tout ce bordel pouvait venir du ¼ de comprimé que je prenais tous les matins. Surtout, durant tout ce temps, je n’ai jamais eu de problème de libido ou d’érection. Mais un jour, en faisant des recherches sur Google à propos du syndrome de Gilbert, j’ai eu une véritable révélation qui m’a littéralement ressuscité en l’espace de quelques semaines seulement. Un article faisait référence au taux de bilirubine qui pouvait augmenter dans le sang à cause de certains médicaments, et notamment… le Propecia ! Incroyable. Il était là, sous mes yeux le coupable. Je le voyais et l’ingurgitais tous les jours, sans sourciller. Il a préservé mes cheveux durant 15 ans, mais il m’a pourri l’existence durant plus de 3 ans jusqu’à ce que je le débusque.
Quelques semaines après l’arrêt du finastéride, tous mes soucis se sont évaporés. Plus de vertiges, plus d’anxiété, plus de céphalées, plus de tête dans le brouillard, plus de fatigue et même plus de rhume des foins ! Au contraire, je retrouvais la pêche et l’assurance que j’ai de nature. Et je perds 5 kilos (que du gras !). Ce que je croyais être psychologique ou ce que mon médecin pensait venir d’une particularité génétique venait seulement de ce fichu médicament… En arrêtant le traitement j’ai eu le sentiment de revenir à la vie et même de rajeunir de … 15 ans.
Après ça j’ai été voir des témoignages de victimes du Propecia, surtout sur les sites US. Incroyable le nombre de personnes qui ont eu des symptômes similaires. Je me sens encore comme un rescapé chanceux car chez certains les symptômes ne se sont pas arrêtés après la cessation du médicament. Je pense que la nature m’a aidé en me donnant une constitution solide et qu’en vivant sainement j’ai réussi à préserver le tout. Ce qui fait le plus peur, c’est le côté insidieux de ce médicament. Chez certains les symptômes apparaissent tout de suite. Dans ce cas la situation est relativement claire. Mais chez d’autres comme moi les symptômes prennent des années pour apparaître et là c’est très difficile de prendre du recul par rapport à la situation. Même mon médecin n’a pas su le faire !